L’évolution d’une relation amoureuse n’est jamais évidente. Au début tout est fluide et merveilleux on voit l’autre avec toutes les qualités que nous estimons importantes pour le bonheur du couple.Nous sommes intimement convaincus que l’autre est le bon et qu’il comblera notre incomplétude, nous sommes décidés à ne faire qu’un.
Si l’échange paraît équitable aux deux, l’affaire est conclue : le bonheur amoureux nous attend. (Mais petit à petit l’entente parfaite commence à s’assombrir par quelques petits conflits sans importance au début, puis au fur à mesure du temps, par de franches disputes qui peuvent devenir violentes.) Comment expliquer que cette relation, au départ si belle et pleine de promesses, finisse par engendrer tant d’insatisfactions de part et d’autre ? La réponse est que nous avons confondu l’amour avec l’attachement et la dépendance affective de notre égo.
L’amour est une affaire de connexion d’âme à âme, c’est une relation sans peur basée sur la confiance et l’acceptation inconditionnelle de l’autre.
L’attachement affectif est un moyen dont l’égo se sert pour pallier nos besoins inassouvis et nos frustrations.
Nous avons tous connu la peur d’être rejeté, abandonné, envahi, trahi, ou incompris. En nous unissant à notre moitié nous espérons ne plus jamais revivre ces blessures du passé, notre bonheur en dépend. Notre bonheur dépend donc de l’autre.
Mais malheureusement la rencontre de deux egos en mal d’une solution extérieure à leur malaise finit par aboutir au conflit.
Car l’autre est comme nous : il a des peurs et des besoins et cherche lui aussi à ne plus revivre ses souffrances. Dès que l’autre est dans l’incapacité de répondre à notre attente, nous connaissons la frustration, l’insatisfaction, le manque, le sentiment d’injustice, et inévitablement la déception.
Nos blessures s’ouvrent à nouveau et notre peur se réveille. Et qui dit peur, dit colère. Bien sur très souvent nous sommes inconscients de ce mécanisme, et du coup nous accusons l’autre de nous avoir blessés. Mais l’autre ne nous blesse pas ; il nous révèle seulement que nos plaies ne sont pas guéries.
Nous avons cru que la rencontre avec un autre nous avait permis de guérir. C’était une illusion. La guérison ne vient jamais de l’extérieur, mais toujours de l’intérieur. La relation avec l’autre est donc pour nous un révélateur de nos manques et de nos souffrances cachées. Croire qu’une relation quelle qu’en soit la nature, puisse nous faire oublier nos manques, nos peurs, et nos souffrances est un leurre. On est inévitablement déçu.
En revanche si nous envisagions nos relations avec les autres comme une opportunité de nous connaître, nous pourrions combler nos besoins et guérir nos blessures. Tant que nous nous berçons de l’illusion que l’autre possède la clé de notre bonheur, nous restons dans un état de dépendance. L’autre représente une drogue dont le sevrage nous est intolérable. Le manque réveille notre souffrance, notre crainte et donc notre colère et nous devenons agressifs, en accablant l’autre de reproches.
Notre agression est alors ressentie comme une attaque personnelle et l’autre va chercher soit à fuir soit à riposter. La guerre est déclarée. A la lecture de cet article certains pourraient choisir de s’abstenir d’avoir le moindre contact avec l’autre. Ce qui serait une erreur car une relation à deux même conflictuelle nous en apprend davantage sur nous même que l’isolement.
L’amour existe, pour le vivre il suffit d’apprendre à communiquer, et à savoir se respecter mutuellement. Ainsi la dépendance cède la place au respect et nous découvrons que l’amour véritable ne comporte jamais de souffrance.